Le toc, n'en faite pas une maladie
- Christophe Peroua
- 14 nov. 2023
- 2 min de lecture

Lorsque j'ai appris que je souffrais de TOC, j'en ai fait une maladie. C'est d'ailleurs le nom que l'on a donné à ma pathologie. Je fus soigné avec des antidépresseurs inhibiteurs de la recapture de la sérotonine (un neurotransmetteur) et j'ai suivi une TCC (Thérapie Comportementale et Cognitive).
En première intention, cela m'a sauvé la peau car j'étais à deux doigts de commettre l'irréparable. Les médecins m'avaient sauvé la vie, mais mon existence était un enfer.
La vie est alors rentrée en jeu et elle m'a permis d'aborder le TOC avec un tout autre regard. En qualité d'éducateur spécialisé, j'étais sensible à la langue des oiseaux. Il s'agit d'un procédé littéraire qui par un jeu subtil avec les homophonies nous apprend le sens caché des mots. C'est ainsi que je compris très vite que le mal a dit (maladie).
Il ne me restait plus qu'à l'écouter. Toc! Toc! Tu m'entends Christophe, je suis l'émotion que tu n'as pas su libérer. Je suis donc parti en quête de mon histoire émotionnelle. J'ai découvert que j'avais été comme beaucoup d'entre-nous, un enfant insouciant aimé par des parents qui voulaient le meilleur pour moi : de l'amour, une éducation, une scolarité, une formation, des diplômes pour accéder à la réussite sociale et assurer mes arrières. Le projet est louable mais...Oui! Il y a un mais...cela demande à ce que l'on ramène des bonnes notes et que l'on réponde au projections de nos parents. Bref ! Pour être aimé et accepté il faut accepter le dessein qui nous est gentiment attribué. Parfois, ça fonctionne. Les parents et l'enfant sont sur la même longueur d'ondes. Mais quand ce n'est pas le cas, cela entraîne parfois des parcours qui font souffrir. Pris dans la tourmente de la vie et faisant l'admiration son entourage, il est difficile de déclamer: "je ne suis pas heureux". Pour peu que vous soyez un exemple de réussite sociale, vous frisez l'insolence et l'indécence . Alors l'arrivée d'un TOC permet de se manifester de façon plus élégante.
La société que l'on nomme la normale va vous montrer du doigt et vous dire que vous êtes l'anormal. Cherchez l'intrus. La société qui a bâti toutes ces fondations sur cette fameuse réussite n'entend pas que l'on puisse remettre en cause ses fondations. Il faut donc que vous soyez désigné comme le malade.
Pour aller mieux, elle pose une condition: l'injonction au bonheur. Tu peux être heureux à condition de retourner dans le moule et faire plaisir à tes parents et ton entourage. La nature, elle, sait qui d'entre-nous est le plus malade.
Aujourd'hui, je ne me considère plus comme une personne ayant été malade, mais comme quelqu'un qui était en souffrance .
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